Publié le 11/04/2019

ReachFive lève 8,9M€ pour sa plateforme de gestion des identités et accès clients

Qu'est-ce vraiment que le CIAM ? Quelles méthodes d'authentification sait gérer ReachFive ? Comment réconcilie-t-il les données clients ? Et que va-t-il faire de cet apport de capital ? Réponses.


ReachFive, start-up française spécialiste du CIAM (Customer Identity & Access Management), annonce avoir levé 10 millions de dollars (8,9 millions d'euros) auprès de CapHorn Invest, Ventech et Dawn Capital, ainsi que de ses investisseurs historiques Bpifrance, Takara Investment et ZTP (Association familiale Mulliez), au cours d'une Série A accompagnée par Avolta Partners.

Lancé en 2014 par Jérémy Dallois, ReachFive se positionnait initialement sur le "social login", permettant aux internautes de créer un compte sur un site marchand très rapidement, en utilisant leur compte Facebook, Google, Twitter, mais aussi Line (pour L'Occitane au Japon), Weibo et WeChat en Chine, ou encore Yandex et Vkontakt en Russie. Pendant trois ans, la start-up a poursuivi sa R&D pour développer une plateforme SaaS de gestion des identités et des accès clients, commercialisée à partir du début 2017. Aujourd'hui, celle-ci recouvre un périmètre fonctionnel bien plus large que la solution des débuts.

Authentification de l'utilisateur et réconciliation des données

La plateforme de ReachFive sait d'abord prendre en charge toute l'authentification des consommateurs. "Prenez une enseigne qui demande un couple email/mot de passe pour son site A, un autre pour son site B, un troisième pour un site mobile, créant autant de silos et de complexité inutile pour les acheteurs. Nous lui permettons de gérer l'authentification de manière unique pour tous ses sites et ses canaux", explique Jérémy Dallois. ReachFive donne aussi accès à toute une variété de nouvelles méthodes d'authentification : social login bien sûr, création de compte avec le seul numéro de mobile (OTP, one-time-password), biométrie via le smartphone (empreinte digitale, reconnaissance faciale, reconnaissance vocale), WebAuthn (API de génération de clés asymétriques et de signatures fortes, accessible via le navigateur), OAuth-as-a-Service (API permettant d'utiliser auprès d'une enseigne son compte client chez une autre enseigne)… Des outils que la start-up rend disponibles en ligne mais qui lui permettent aussi de couvrir les points de contacts en magasin. "Nous savons récupérer le mail donné au vendeur pour recevoir un ticket de caisse et retrouver le client dans la base, souligne Jérémy Dallois. Nous permettons aussi au vendeur d'accéder facilement au compte du client, et pouvons également équiper des bornes biométriques en magasin."

Car au-delà de l'authentification, ReachFive est aussi le spécialiste de la réconciliation des data clients first party. "Si vous avez donné votre email pour recevoir une newsletter, êtes enregistré sur l'app avec votre numéro de mobile, et avez procédé à un social login sur le site, vous êtes peut-être connu sous trois identités différentes auprès de la marque. Notre enjeu est de les rapprocher." Pour ce faire, rien d'algorithmique, ReachFive récupère la donnée sur chaque point de contact qu'il motorise. "Vous vous inscrivez à la newsletter ? Au lieu de ne rien faire de votre mail, nous créons une 'lite registration' en attendant de la rapprocher d'autres données. Vous faites un Google-connect pour conserver un produit en whishlist ? Nous récupérons vos mail et téléphone. Vous achetez sur le site ? Nous avons un cookie de session avec votre mail et si vous donnez votre téléphone pour sécuriser la livraison, nous réconcilions vos données." En revanche, chaque base d'enseigne cliente est parfaitement cloisonnée des autres bases. Et bien sûr, la plateforme de ReachFive gère aussi les consentements utilisateurs conformément au RGPD et assure la sécurité de la gestion des identités clients.

Activation de la donnée et access management

Le dernier étage de la solution réside naturellement dans l'activation de la donnée. "Nous voulons disposer d'une marketplace, comme le pratique par exemple Salesforce, indique Jérémy Dallois. Cela nous permettra d'intégrer ReachFive aux grandes plateformes telles que Salesforce Commerce Cloud, Adobe Campaign, Magento…" Concrètement, la start-up leur donne les éléments nécessaires pour développer un connecteur à sa plateforme. Forte d'une dizaine de connecteurs actuellement, elle désire se déployer plus largement encore.

"Nous allons également développer de l'access management, pour permettre à des tiers d'utiliser notre gestion d'accès", ajoute l'entrepreneur. Par exemple, se multiplient dans le monde les tests de livraison dans les coffres de voitures connectées, qui nécessite de confier temporairement cet accès à la société de livraison. "Nous pouvons motoriser cette gestion des accès à distance", détaille-t-il.

Conserver l'avance technologique et s'européaniser

La jeune pousse compte aujourd'hui une quarantaine de sociétés clientes (Monoprix, Boulanger, But, le Groupe Etam, L'Occitane, La Redoute, le Groupe Hachette, La Compagnie des Alpes, Lapeyre, Engie…) et indique générer plus de 30 millions de connexions consommateurs. Ses grands axes de développement aujourd'hui ? "D'abord la tech, pour conserver notre avance en poursuivant notre R&D, affirme Jérémy Dallois. Nous avons été parmi les premières plateformes multicloud. Aujourd'hui ce n'est presque plus un argument, donc nous devons trouver les prochains sujets qui seront pertinents et différenciants." L'autre grand axe est l'européanisation, notamment grâce à un bureau londonien qui devrait ouvrir au deuxième semestre. "En Europe, notre seul concurrent est le néerlandais iWelcome. Nous avons donc l'intention de faire nos preuves assez rapidement au Royaume-Uni et en Allemagne pour nous imposer comme leader européen, et d'ici 2 ans environ, conclure une Série B pour attaquer les Etats-Unis."

Et alors que beaucoup de start-up de martech repensent actuellement leur trajectoire à l'aune de l'avenir incertain du cookie tiers, ReachFive se considère bien plus solide sur sa data first party. "Le futur idéal, ce serait l'IPO", conclut Jérémy Dallois. Sur les 12 derniers mois, son MRR (revenu mensuel récurrent) a triplé. D'ici la fin 2019, les effectifs de ReachFive auront doublé pour atteindre 40 à 50 personnes.

Source : Libre Service Actualités